Le style unique et bien distinct des tapis artisanaux d’Iran est essentiellement dû aux conditions géographiques, culturelles et climatiques du pays. Le tapis persan est considéré comme un véritable trésor national en Iran.
Tapis d’Iran : les différentes influences stylistiques
Les tapis persans qui disposent d’une renommée internationale sont originaires de la Perse (Iran actuel), un territoire au carrefour de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient. Cette zone habitée par des tribus nomades depuis l’âge du bronze est donc le berceau de cet art millénaire.
Pendant plusieurs siècles, il servait à se protéger du froid et des rudes hivers puis il est devenu un mode d’expression artistique avant de devenir un article de luxe pour la société moderne. Sa taille et son format variaient donc en fonction de son usage : Ghali, Dozar, Ghalitcheh, Kenareh, Zaronim…
Les secrets de tissage et les techniques se transmettent de génération en génération. On peut recenser environ 2000 anciens tapis persans datant de l’ère Safavide, de l’ère Qajar et de l’ère Pahlavi. Les matériaux utilisés étant de la laine, de la soie ou du coton, les tapis se dégradent et deviennent difficiles à dater. Mais ils comportent souvent des indications sur les artisans, les commanditaires ou encore les lieux de fabrication.
Les différents tapis persans selon l’origine géographique
Chaque région, chaque village, chaque tribu nomade avaient leurs propres techniques de tissage et leurs propres caractéristiques. D’ailleurs, les tapis persans sont aujourd’hui classés en fonction de leur provenance : Abadeh, Ardabil, Beluch, Farahan, Gabbeh, Heriz, Ispahan, Kashan, Mashhad, Nain, Sarab, Qom, Téhéran, Yazd, etc….
De nombreuses pièces par exemple, sortaient directement des ateliers de tapis royaux d’Iran qui se situaient dans les villes d’Ispahan, Kashan et Kerman. Ces ateliers ont été très productifs entre 1500 et 1650.
Les pièces très raffinées, tissées à la main sont généralement plus onéreuses. Beaucoup de pièces uniques et rares sont conservées dans des musées et des collections privées en Europe en raison d’une exportation massive et florissante des productions locales iraniennes à partir des années 1870.
Les éléments caractéristiques du Tapis d’Iran.
Les nœuds persans
On retrouve des techniques de nouage traditionnelles encore utilisées de nos jours. La technique la plus répandue sur l’ensemble du territoire reste l’exécution du nœud persan ou farsbâf, quand le brin de laine ne forme un tour complet qu’autour d’un des deux fils de chaîne.
Avec des siècles de tradition derrière eux, les tapis d’Iran ont accumulé un vaste savoir-faire et une qualité d’exécution remarquable. Un tapis persan d’excellente qualité comptera jusqu’à 10 000 nœuds par décimètre carré.
Les matériaux des tapis persans
Les tribus kordes et lors sont réputés pour fabriquer les tapis les plus raffinés et les laines les plus réputées viennent de Khorasan. D’autres tribus mélangent le velours et la soie pour tisser des pièces uniques. Il n’est pas rare de trouver des tapis anciens ornés de fil d’argent ou d’or.
Ils ont également tiré profit de leur environnement et des matériaux qui les entourent pour créer des palettes de couleurs vives végétales et minérales, et pour varier les matières (plantes, racines, écorces, ….). La teinte rouge très présente sur les tapis persans par exemple, est obtenue à partir de la racine de garance qui pousse à l’état sauvage dans une grande partie du pays.
Les peuples nomades iraniens continuent donc d’utiliser les outils de fabrication d’antan (métier horizontal, métier vertical fixe, métier Tabriz), les matériaux (le coton pour la chaîne et la trame, la laine de mouton est très appréciée pour ses longues fibres, la laine d’agneau est aussi très recherchée).
Architecture du tapis
L’architecture du tapis ainsi que le positionnement des motifs sont également communs à plusieurs tribus. On retrouve ainsi une bordure principale, des bordures secondaires plus fines, un champ rectangulaire à l’intérieur duquel est dessiné un médaillon central (de forme circulaire, ogivale, étoilée et polygonale), des écoinçons dans les angles du champ.
Motifs et ornements de tapis persan
Les tisserands se sont inspirés de leur vie quotidienne comme source d’inspiration pour les motifs des tapis. Sur un tapis d’Iran, on peut donc avoir des décors géométriques, des dessins curvilignes ou floraux hérités de l’art islamique, des trait linéaires. Le tapis d’Iran doit aussi sa renommée à ses couleurs vives et aux motifs employés qui varient d’une tribu à l’autre ou d’une famille à l’autre.
Un tapis d’Iran traditionnel a généralement dans son champ, des boteh (forme d’amandes), des gol (qui est une forme octogonale), des zil-e-sultan (ressemblant à deux vases superposés), des joshangan (une succession de losanges ornés de fleurs). Pour les bordures, les motifs dessinés sont souvent des hérati (alternance de rosaces et de fleurs). Il existe aussi des motifs d’ornementation qui sont par contre très représentatifs des tribus et des régions de production : étole à huit branches, rosace, svastika, croix grecque, … On peut trouver des inscriptions et des dates ainsi que des versets du coran sur la bordure de certains tapis.