Les différents types de nouage de tapis

Les tapis anciens noués à la main sont les plus prisés et souvent les plus chers du marché. Certains tapis rarissimes se retrouvent dans des ventes aux enchères pour finalement rejoindre des collections privées. On les reconnaît donc à ces fameux nœuds traditionnellement utilisés dans les tribus nomades. Toutefois, la technique de nouage varie selon les régions du monde où ces tapis sont fabriqués. Parfois, ce sont des nœuds turcs ou ghiordes, d’autrefois, ce sont des nœuds persans ou senneh. Il existe également une troisième technique moins connue qui provient du Tibet, autre région du monde qui fournit des tapis anciens.

Les nœuds turcs ou ghiordes

Ce nœud turc également appelé nœud turkbaff est essentiellement utilisé en Turquie et dans le Caucase. Beaucoup de tapis anciens à forte densité (+ de 1 million de nœuds au m²) proviennent de ces pays de l’Atlas qui abritent de nombreuses tribus nomades.

Dans ces nœuds dits « symétriques », le fil de velours (en laine ou en soie) est enroulé autour de deux fils de chaîne de façon à former deux spirales opposées l’une à l’autre. Les deux extrémités du fil ressortent de la boucle du nœud. Ensuite, après chaque rangée de nœuds, on insère un fil de trame en chevauchant les fils de chaîne. Cette technique qui consiste à alterner un fil de velours avec un fil de trame permet d’obtenir un nouage plus solide et des nœuds bien serrés.

Les nœuds persans ou Senneh

Le nœud persan est surnommé nœud farshbaff ou nœud Senneh où s’est développé la technique. Historiquement, cette technique est née en Perse. Elle est aujourd’hui très répandue en Inde, en Égypte, en Chine, mais également en Turquie. Attention toutefois, à ne pas confondre « nœud Senneh » et « tapis Senneh » car cette dernière est en fait un modèle de tapis qui est produit dans la petite ville de Senned (Sanandaj) et qui utilise la technique de nouage turque.

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Le nœud persan est un nœud asymétrique en raison du fait qu’une extrémité du brin de laine forme une boucle autour d’un fils de chaîne avant de passer en dessous du suivant. Entre chaque rangée de nœuds persans, il faut insérer un ou plusieurs fils de trame.

Les nœuds asymétriques permettent d’obtenir une plus forte densité (nombre de nœuds au m²) que les nœuds symétriques. Toutefois, les nœuds turcs sont plus solides que les nœuds persans. Mais les tapis persans sont connus pour la richesse des détails.

Les nœuds tibétains

Hormis les deux principaux nœuds que l’on rencontre fréquemment sur les tapis anciens, on peut aussi parfois trouver des tapis utilisant le nœud tibétain. Cette technique est répandue au Népal et en Inde. Beaucoup de tapis en provenance de ces pays sont donc noués à la main suivant cette méthode.

Techniquement, il est très différent du nœud turc ou du nœud persan. Le fil de velours passe au-dessus de deux fils de chaîne avant de tourner pour passer en dessous puis emprisonne une tige métallique (qui passe au-dessus des fils de chaîne) avant de repasser en dessous des fils de chaîne et de ressortir pour passer au-dessus des deux fils de chaîne suivante.

La tige métallique n’est présente que de manière provisoire puisqu’elle est ensuite retirée en coupant les boucles avec une lame sur toute la longueur. La laine s’ouvre alors pour devenir le velours du tapis. Autrement dit, la longueur de velours dépendra de l’épaisseur de la tige métallique.

La technique tibétaine convient beaucoup aux motifs abstraits ou géométriques. Pour les dessins plus complexes comme les courbes ou les changements de couleur, il faut obligatoirement un nouage serré à 100 nœuds ou 150 nœuds par pouce carré.

Le nouage à la main : une valeur sûre pour le tapis

Quelle que soit la méthode utilisée, il est maintenant prouvé que plus le nouage est serré, plus la qualité du tapis est au rendez-vous. Il est également démontré que le nouage de nœuds à la main est une technique harassante exigeant des milliers d’heures de travail. Un bon ouvrier peut faire entre 8000 et 10 000 nœuds par jour au maximum, ce qui signifie qu’il mettra environ 25 jours pour réaliser un mètre carré de tapis de qualité moyenne (250 000 nœuds par m²) soit 5 mois de travail pour finir un tapis de deux mètres sur trois (6m²) et près de 600 jours (1 an et 7 mois) pour un tapis de haute qualité (1 million de nœuds par m²).

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Le tisserand qui travaille de manière artisanale part d’une idée générale avec un format et quelques indications. Le reste n’est que de l’inspiration et de l’imagination. Quand ils sont réalisés dans des manufactures, les tapis répondent souvent à des projets précis même s’ils sont toujours noués à la main. Le nouage traditionnel à la main offre une qualité remarquable même s’il est possible que de temps en temps quelques petites imperfections se glissent dans le tapis. Mais ce sont ces imperfections qui donnent à ces tapis anciens leur véritable valeur, les rendant uniques et exceptionnels.

Les tapis noués mains prendront rapidement de la valeur au fil du temps que les tapis fabriqués à la machine. Si vous possédez une de ces raretés, il faut bien entendu les entretenir correctement et en prendre soin pour qu’ils ne perdent pas de leur valeur intrinsèque. Le nouage est sans doute une caractéristique importante du tapis, mais elle n’est pas la seule. Pour l’étudier en profondeur et l’évaluer à son juste prix, il faut bien entendu, analyser les fibres naturelles utilisées, l’origine et la fabrication des teintes, le symbolique des motifs, la qualité des finitions (franges, lisières, etc…).